terça-feira, 23 de junho de 2009

Qual o futuro dos que hoje protestam na terra de Xerxes, o tirano?

O Libération se pergunta sobre o futuro dos que hoje protestam no Irã. Não sou pessimista, mas conheço tais situações: o futuro lhes reserva prisão, morte, exílio, censura, humilhações, sofrimentos. Tudo o que não cabe em nenhum jogo de futebol. Eles estarão sob o tacão repressivo e terão a tristeza suplementar de assistir um presidente cúmplice do Brasil em visita à sua terra, desfilando em carro aberto num espaço proibido a eles e a todos os que se imaginavam livres. E saberão que seu presidente fraudador (com benção sacerdotal) virá ao Brasil, onde será recebido com honras de Chefe de Estado. Desde já devemos nos reunir e protestar contra mais este liberticídio do governo "progressista" do Brasil.RR

Monde 23/06/2009 à 18h12

Iran: quel avenir pour les protestataires ?

Durement réprimée par le régime, la mobilisation des Iraniens contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad révèle néanmoins un mouvement de contestation profond, qui devra s'organiser pour durer.

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SYLVAIN MOUILLARD

Photo diffusée par l'agence de presse iranienne Mehr News d'une manifestation pro-Moussavi, le 18

Photo diffusée par l'agence de presse iranienne Mehr News d'une manifestation pro-Moussavi, le 18 juin 2009, à Téhéran (© AFP photo AFP)

A peine quelques milliers de manifestants à Téhéran, hier. La répression sanglante des manifestations par le régime iranien a forcé les contestataires à trouver «de nouvelles formes de résistance», selon Azadeh Kian-Thiébaut, chercheuse à l'Unité de recherche sur le monde indo-iranien du CNRS. Libération.fr fait le point sur les difficultés rencontrées par les militants réformateurs, ainsi que sur les évolutions possibles de ce mouvement.

Une opposition affaiblie

L'Iran dispose d'un vaste réseau d'associations (28.000) au sein de la société civile, ainsi que d'un certain nombre de partis réformateurs. Mais actuellement, ces organisations ne sont pas assez fortes et structurées pour ancrer un mouvement de protestation durable. Quant aux syndicats, ils ont perdu de leur influence et portent essentiellement des revendications corporatistes. Comme l'explique le géographe du CNRS Bernard Hourcade, la mobilisation actuelle passe davantage par des «cercles d'amis, très populaires, des réseaux de solidarité de cinq, dix personnes. Ces clubs informels ne compensent pas l'action des syndicats, mais ils permettent de mobiliser des foules importantes pour les rassemblements».

Un leader de crise

«Le chat d'appartement est devenu tigre»: c'est la phrase qui revient souvent à propos de Mir Hossein Moussavi. Cet ancien Premier ministre de Khomeiny, entre 1981 et 1989, passait plutôt pour un bon gestionnaire, proche du régime. Peu charismatique, il a néanmoins su profiter de son image d'homme intègre pour s'imposer: «Les gens ont découvert quelqu'un de très déterminé, qui a su s'entourer de spécialistes et s'imposer comme l'homme d'une situation de crise», souligne Azadeh Kian-Thiébaut. Bernard Hourcade tempère néanmoins: «Il est le représentant d'un mouvement qui le dépasse. Il manque également d'un réseau». Par ailleurs, les arrestations massives des leaders d'opposition depuis dix jours ont encore plus compliqué la tâche.

Difficulté de passer au politique

«On a assisté à un mouvement spontané sans organisation forte. Il existait un consensus de révolte, notamment contre la fraude électorale. Mais faute d'organisation solide derrière, la répression a été facilitée», note Bernard Hourcade.

Le chercheur estime que la province iranienne partageait globalement la même colère vis-à-vis des manipulations électorales. «En 30 ans, la société iranienne a beaucoup changé. Le territoire s'est homogénéisé, les gens sont éduqués», explique-t-il.

Mais le passage d'une transformation sociologique à un mouvement politique n'est pas évident. «Il y a des protestations très fortes partout, mais cela ne veut pas dire que c'est de nature révolutionnaire», souligne Bernard Hourcade, pour qui «la remise en cause de la République islamique n'est pas à l'ordre du jour. Les Iraniens sont très prudents, ils savent qu'on ne fait pas une révolution tous les 30 ans. Ces derniers jours, le mot d'ordre dans les défilés était à la maîtrise des slogans».

Les modes d'action

Comme l'écrit Time, les musulmans chiites portent le deuil aux troisième, septième et quarantième jours après la mort. Après la mort de nombreux manifestants le week-end dernier, ces moments pourraient être l'occasion de relancer la mobilisation. Bernard Hourcade estime néanmoins que les conditions pour une manifestation collective du deuil ne sont pas réunies: «Les tués sont dispersés géographiquement. En outre, il semble que les corps ont été confisqués de manière préventive».

Quant à l'hypothèse d'une grève générale, évoquée par Moussavi, elle pourrait être fortement suivie au sein du secteur public et de l'administration, selon Azadeh Kian-Thiébaut.

Plus sceptique, Bernard Hourcade estime que cela «était possible à l'époque du Shah, quand il y avait encore une certaine syndicalisation autour du Parti communiste». Mais ce tissu syndical n'existe plus aujourd'hui, tout comme le réseau du bazar: «Les commerçants du bazar, auparavant, étaient très liés au clergé. C'était un réseau social,économique, religieux. Désormais, les bazaris travaillent dans leurs tours en verre...», détaille le chercheur.

Des revendications profondes

«Ce mouvement n'aboutira pas du jour au lendemain. La révolution iranienne de 1979 avait commencé trois ans plus tôt et a pris différentes formes», rappelle Azadeh Kian-Thiébaut.

Il existe néanmoins aujourd'hui des tendances de fond contre la politique menée par Ahmadinejad et ses partisans. Elles portent sur l'appauvrissement des classes moyennes, l'isolement du pays sur la scène internationale, les restrictions des libertés.

«Moussavi est le porte-voix de ces contestations. Avec ou sans lui, la mobilisation continuera, notamment par des mouvements de grève ou de désobéissance civile», conclut la chercheuse.

Bernard Hourcade remarque quant à lui qu'un certain nombre de leaders (Rafsandjani, Rezai, Laridjani, Ghalibaf) restent «en réserve de la République, afin éventuellement d'intervenir dans quelques mois si les traces de la crise sont encore trop vivaces».