segunda-feira, 10 de fevereiro de 2014

Blog Mezetulle

Finkielkraut : quelle mauvaise langue !

Bloc-notes actualité  
Finkielkraut : coupable de « mauvaise langue » (1)

En ligne le 10 février 2014

Qui l'eût cru ? Notre Finkie est bien mal embouché : ne voilà-t-il pas qu'il lâche des gros mots, des mots qui fâchent, des mots que seules les sorcières emploient, des mots inquiétants et dangereux qu'il faudrait bannir du vocabulaire ?
Heureusement, une poignée de responsables politiques veillent - ou plutôt deux seulement, mais si bien placés que leurs propos pourraient, à force de politiquement correct, devenir embarrassants.
 
Dans une lettre adressée au Conseil supérieur de l'audiovisuel, deux membres du Conseil national du Parti socialiste n'ont pas manqué de dénoncer notre Finkie. Figurez-vous qu'il a dit (horresco referens, j'ose à peine reprendre, mais si quand même ça devrait passer sans m'attirer des ennuis en mettant un  cordon sanitaire de guillemets autour et en me pinçant le nez tellement c'est nauséabond), oui Finkielkraut a osé dire «« Français de souche »» (je cite, je cite, hein) au cours de l'émission Des paroles et des actes du 6 février, en dialoguant avec Manuel Valls !
 
Comme le précise ce texte qui respire la haine et l'imbécillité, l'expression est « totalement contraire à l'article premier de la Constitution » (mais si, mais si, les juristes n'ont qu'à suivre cet avis éclairé, on leur mâche le travail). Et puis critiquer le multiculturalisme communautariste, parler d'« antiracisme sans cervelle », on n'a pas idée : c'est dangereux et inquiétant. Franchement, tout ça mérite au moins une bonne épuration audiovisuelle, une police de la langue sur les ondes. Pourquoi pas une interdiction professionnelle (le texte s'étonne que Finkielkraut enseigne à Sciences Po)? Ou plus ? Arrgh, ah oui c'est vrai, le bûcher n'existe plus... je me laisse aller.

Je souhaite bien du plaisir aux responsables PS. Quelle belle patate chaude farcie de bêtise juste la veille du jour où Jean-Marc Ayrault va dévoiler les grands axes de la nouvelle politique d'intégration, laquelle serait (disent les mauvaises langues) inspirée par les effarants rapports en ligne sur son site - rapports où l'on suggère aussi, entre autres mesures hygiéniques, la mise sous surveillance de la mauvaise langue (en novlangue proprette on dit élégamment « revisiter le lexique ») !

Quel magnifique cadeau de plus au Front national ! A moins que ceux des responsables et élus PS qui ont gardé raison mettent à profit ce moment pour en faire une session de rattrapage ? On n'en attend pas moins d'eux, et ça urge - au fait il y a des élections bientôt, et quelques sondages pourraient être intéressants ?

Je me demande quand même s'il ne serait pas prudent de ma part de passer au peigne fin les articles de Mezetulle, des fois que j'y trouve des gros mots, des allusions à un « antiracisme sans cervelle » (et si ces allusions s'abritaient derrière des citations de grands auteurs, comme par exemple dans cet article, elles n'en seraient que plus coupables) et aussi des textes critiquant le multiculturalisme communautariste...

Un bon nettoyage ? Seulement voilà, la tâche serait longue, je me rends compte qu'il faudrait presque tout censurer (2).

Donc, vivons dangereusement : je vais malgré tout attendre la réaction des autres dignitaires et élus PS, et celle du CSA. En souhaitant que le bon sens continue à être la chose du monde la mieux partagée, faute de quoi on peut prévoir sans trop de risque de se tromper un houleux nettoyage de printemps à coups de bulletins et... d'abstentions.
 
1 - Les lecteurs avertis excuseront cette précision : j'emprunte le titre du livre de Cécile Ladjali Mauvaise langue (Paris : Seuil, 2007).
2 - Même si on n'y trouve pas, à ma connaissance, une seule occurrence de « Français de souche » (sauf comme ici sous forme de citation précautionneuse), je ne doute pas que Mezetulle offre un terrain de choix à l'enrichissement de l'index des mots et expressions à prohiber. Après ce qui vient d'arriver à Finkielkraut, cela m'honorerait !
 
Documents en référence :


Lire le texte envoyé au CSA mettant en cause Alain Finkielkraut et réclamant la police de la langue, reproduit par Le Figaro

Lire l'article de Jean-Paul Brighelli sur le site de Causeur.


Sur un exemple de police de la langue, relire l'article d'André Perrin récemment publié par Mezetulle Race, racisme et police du langage (tiens en voilà un qu'il faudrait censurer - pardon « revisiter »... c'est pourquoi je le mets en tremblant et en petits caractères).