Politiques 27/09/2010 à 08h20 (mise à jour à 13h01)
Emplois fictifs sous Chirac: le Conseil de Paris adopte l'accord d'indemnisation
Paris Mayor Bertrand Delanoe (L) and France's President Jacques Chirac pose for a photograph in Singapore July 5, 2005. Paris, London, Madrid, New York City and Moscow are competing to win the right to host the 2012 Summer Olympic Games in an IOC vote which will be held on July 6 in Singapore. REUTERS/Nicky Loh CCK/DY (REUTERS)
Le Conseil de Paris a tourné lundi une page importante de son histoire. Il a adopté, à une large majorité, le projet d’accord d’indemnisation de la Ville par l’UMP et Jacques Chirac dans l’affaire des emplois fictifs.
En tout, 147 élus ont voté pour, 13 ont voté (les neufs élus Verts, 2 du Parti de gauche, un Modem et un non inscrit) contre et un élu s’est abstenu. Soit 161 élus recensés ayant pris part au vote contre 163 conseillers de Paris en tout. Ce scrutin était électronique au lieu d’être comme habituellement à mains levées, à la demande des Verts.
Mais le maire (PS) de la capitale Bertrand Delanoë a été contraint de monter plusieurs fois au créneau pour justifier cette décision qui fait grincer des dents jusque dans les rangs de son parti, expliquant qu’«il ne faut pas confondre justice et vengeance».
Devant le Conseil de Paris, Delanoë a de nouveau défendu sa position - la même depuis son élection en 2001, assure-t-il -, tenant à rectifier des «approximations et contre-vérités». Se disant soucieux de «défendre l’honneur et les intérêts» de la ville, il a décliné son «triple objectif»: «vérité, reconnaissance des faits, réparation».
«Une éthique et une morale en politique»
Le conseiller (Verts) de Paris Yves Contassot, opposé à l’indemnisation de la Ville par l’UMP et Jacques Chirac, en a, lui, appelé, avant le vote, à «une éthique et une morale en politique» qu’il ne faut «pas transgresser». «Notre groupe votera contre ce protocole dont la fiabilité juridique est par ailleurs sujette à discussion. Nous ne voulons pas être un jour éventuellement comptable d’un éventuel abus de biens sociaux ou de recel», a dit Contassot, dont les huit autres collègues du groupe Verts, d’habitude allié de l’exécutif, voteront aussi contre ce protocole qu’ils qualifient de «faute politique» et de «déni de justice».
Le président du groupe UMP au conseil de Paris Jean-François Lamour a estimé que «refuser une telle solution serait apparu comme une attitude purement politicienne, comme une sorte de volonté de vengeance politique».
L’élue NC du Xe, Lynda Asmani, ne prendra pas part au vote. Et l’unique élu Modem Jean-François Martins votera contre, parce que selon lui, «la ville nie son ambition d’obtenir justice et vérité». Les deux élus du Parti de gauche (PG) que compte la ville feront de même.
La ville récupérera exactement 2.218.072,46 euros et renoncera du même coup à être partie civile au procès, ce qui mettra Jacques Chirac dans une position plus favorable. Il fera face à un banc des victimes déserté, en plus d’une accusation vraisemblablement passive, le parquet ayant requis un non-lieu dans la procédure.
Pendant le vote en fin de matinée, le collectif «Sauvons les riches» a prévu de manifester devant la mairie avec l’association anticorruption «Anticor».
Vendredi, une nouvelle audience de fixation du procès se tiendra devant la 11e chambre correctionnelle de Paris. L’audience devrait probablement avoir lieu en janvier ou février 2011, afin de joindre au dossier parisien une procédure similaire en cours à Nanterre.
L’ancien locataire de l’Elysée doit comparaître aux côtés de neuf autres prévenus pour 21 emplois présumés de complaisance rémunérés entre octobre 1992 et mai 1995 par le cabinet du maire de Paris, fauteuil qu’il a occupé de 1977 à 1995.