segunda-feira, 11 de janeiro de 2010

Para quem não sabe, mas deveria saber, segue abaixo a diferença entre crime privado e crime estatal. Bom proveito!

Non privatim solum, sed publice, furimus. Homicidia compescimus et singulas caedes: quid bella et occisarum gentium gloriosum scelus ? Non avaritia, non crudelitas modum novit. Et ista quamdiu furtim et a singulis fiunt, minus noxia minusque monstruosa sunt. Ex senatus consultis plebisque scitis saeva exercentur et publice iubentur vetita privatim. Quae clam commissa capite luerentur, quia paludati fecerunt, laudamus. Non pudet homines, mitissimum genus, gaudere sanguine alterno et bella gerere gerendaque liberis tradere, cum inter se etiam mutis ac feris pax sit.

SÉNÈQUE, Ad Luc., 95, 29 - 31



Il n'y a pas qu'individuellement que nous perdons la raison, nous la perdons aussi collectivement. Nous réprimons les meurtres et assassinats commis par les particuliers; mais qu'en est-il des guerres et du crime glorieux perpétré contre des peuples massacrés ? Ni la cupidité, ni la cruauté ne connaissent de borne. Pourtant quand ces vices s'exercent en sous-main et isolément, ils font moins de mal et sont moins monstrueux. En application de sénatus-consultes et de plébiscites, des actions barbares sont exécutées et on ordonne officiellement de faire ce qui est interdit à des particuliers. Des forfaits qui vaudraient la peine capitale s'ils étaient commis avec dissimulation, nous les louons parce que ce sont des gens en uniforme qui en sont les auteurs. L'homme, espèce très paisible, n'a pas honte de se réjouir à la vue du sang d'autrui, de faire des guerres et d'en préparer pour ses enfants, alors que les bêtes, même privées de voix et féroces, vivent en paix.

SÉNÈQUE, Ad Luc., 95, 29 - 31.

Texte parallèle dans les Pensées de Pascal (V, 293).

" Pourquoi me tuez-vous ? - Eh quoi ! Ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin et cela serait injuste de vous tuer de la sorte; mais puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave, et cela est juste."

Notre siècle a défini une conception "morale" de la guerre : il y a des "règles du jeu" à respecter entre acteurs, ce sont les conventions; il y a surtout depuis 1945 émergence de concepts nouveaux tels que les crimes contre l'humanité ou le génocide.

Le Tribunal de Nuremberg fut le premier à poursuivre des faits qualifiés de crimes contre l'humanité en se limitant aux actes commis contre des étrangers à l'occasion d'invasions d'autres pays. La compétence du Tribunal ne commence donc que le 1/9/1939, après l'invasion de la Pologne, car, comme l'écrit le Juge de la Cour suprême Jackson, "la façon dont l'Allemagne traite ses habitants, ou dont n'importe quel autre pays traite les siens, n'est pas plus notre affaire, qu'il n'appartient aux autres Etats de se mêler de nos problèmes..."

Par exemple, le droit international distinguera deux types de méfaits commis en temps de guerre :

- Tuer délibérément un civil rend coupable de crime de guerre.
- Tuer pour des raisons de race, de religion, de nationalité, ou des motifs politiques, c'est commettre un crime contre l'humanité.

Pour en savoir plus : Jean-Marc VARAUT, Le procès de Nuremberg, éditions Pluriel, 1992.