terça-feira, 29 de setembro de 2009

Libération. Nestes tempos delirantes, urbi et orbi, um pedaço de terra sem contacto com os "civilizados" é tentador, muito tentador...

Voyage en pays Amish


Le temps pour seule valeur, voilà bien la philosophie Amish qui rejette toute possession matérielle au profit d’une application stricte des règles de la Bible. Visite du Dutch County en Pennsylvanie.


Voyage en pays Amish
Il suffit d’un court trajet entre Philadelphie et le comté de Lancaster (une centaine de kilomètres) pour se retrouver plusieurs siècles en arrière, au cœur du Pennsylvania Dutch Country, le Pays Amish. L’histoire de cette région a commencé dès le 17ème siècle. Au début des années 1700, les Mennonites, persécutés en Europe fuirent en masse pour venir se réfugier chez William Penn qui donna son nom à la Pennsylvanie. De cette migration dans le comté de Lancaster, il reste aujourd’hui la plus ancienne communauté regroupant plus de 70 000 membres qui appartiennent aux sectes Amish, Mennonite et Brethren. Leur point commun est l’adhésion au principe de séparation de l’Église et de l’État, de la non-violence et du baptême des adultes.

Depuis le début du 18ème siècle, ils refusent le modernisme en général, la vaccination, les engrais chimiques, l’automobile, la radio, l’électricité et le téléphone. Ils ne se déplacent qu’en carrioles ou «buggy», s’éclairent avec des lampes à pétrole, cultivent la terre à la charrue, sont exemptés de service militaire et portent des vêtements sobres à la mode de jadis. Ils parlent une langue curieuse faite d’un mélange de bernois, d’alsacien, de hollandais et de palatin (dialecte allemand). Une anecdote : quand les premiers colons sont arrivés, les autorités britanniques d’alors leur demandèrent quelle était leur langue maternelle. « Deutsch » leur répondirent-ils. Ainsi naquit le « Dutch Country ».

Voyage en pays Amish
Comprendre et apprendre

C’est au centre d’information, à deux pas de Lancaster, que nous attend Yvonne. Une Alsacienne, installée dans la communauté depuis plus de 60 ans, mère de 5 enfants et dont la vie a toujours été rythmée par les principes mennonites. C’est avec elle que nous allons faire le tour de ce pays, véritable curiosité pour les Américains eux-mêmes qui, dès les beaux jours, affluent en masse à Lancaster. Elle qui nous conduira à la rencontre de ceux et celles qui, exceptionnellement vont nous accueillir quelques heures. Ce qui frappe en premier, c’est le spectacle de la nature faite de terres labourées, à perte de vue. Seules quelques fermes ponctuent le paysage. Les « barns », hangars traditionnels, colorent le bleu du ciel d’un rouge profond. Ce qui étonne c’est l’absence de poteaux et de fils électriques, à l’installation souvent anarchique, si caractéristiques aux Etats-Unis. C’est le refus du modernisme qui explique ce paysage parsemé de quelques ponts couverts, construits à l’ancienne.

Dès les premiers kilomètres, on perçoit les changements qu’imposent les règles amish. Une mutation imperceptible. Croiser des hommes à la barbe parfaitement taillée et aux chapeaux ronds d’une propreté parfaite surprend. Ni sourires, ni regards. « l’Anglais » que je suis (c’est le nom donné aux étrangers) n’existe pas, même si à l’heure du déjeuner, après l’obligatoire prière, deux Mennonites viendront parler avec nous. Un discours curieux. Impossible de parler politique, d’argent, de culture ou d’art de vivre. Des sujets interdits pour les Amish qui pensent que tout ce qui les entoure n’est que l’œuvre de Dieu… Y compris le « superficiel », créé pour montrer qu’il ya de fausses voies où il est mauvais de s’engager.

Nous parlerons donc d’agriculture. Dans ce domaine, les Amish sont de vrais champions. Habitués à travailler la terre à l’ancienne, leurs résultats sont incroyables. Ici l’écologie n’existe pas. Comme monsieur Jourdain faisait de la prose, eux produisent naturellement, sans engrais, depuis des siècles. Dans les champs, le spectacle, lui aussi, détonne. Des machines modernes que trainent des chevaux. Femmes et enfants sont sur la charrette qui suit, prêts à donner le coup de main. « Pour les Amish » précise Yvonne « le travail et le respect des plus jeunes envers les anciens est une règle que tout le monde respecte naturellement. Personne ne se force à être ce qu’il est. Ce serait contraire aux règles de la Bible. C’est ce qui explique la douceur de vivre que l’on ressent ici ».

Voyage en pays Amish
Des fermes, centre du monde

Pour comprendre les Amish, il faut se rendre dans une ferme. Une de celle tenue par un membre du nouvel ordre, plus moderne et à peine plus ouvert sur le monde. On reconnaît ces fermes à deux trois détails. Une cabine téléphonique dans le jardin, un compresseur pour produire l’électricité nécessaire à la traite ou à la conservation du lait. Une révolution ! Pas question de parler avec les femmes, ce ne serait pas correct. Les hommes détaillent et expliquent l’organisation de la ferme et leurs relations avec les « anglais », premiers clients des Amish. En passant dans la cour, sur le côté de la maison, des lampes au gaz sont en cours de réparation. Ce sont les seuls éclairages autorisés. Pas de fioritures, un simple tuyau recourbé couvert d’une boule en verre blanc.

Pour faire le tour de cette ferme, nous prenons le buggy. L’invité restera devant. Yvonne ne sera pas du voyage. Impensable pour le chef de famille. Impossible aussi de faire quelques portraits photographiques. Poliment mes hôtes déclinent. « Trop mondain » m’explique Yvonne. Une façon polie de me dire qu’ici la forme ne compte pas. Rien ne doit différencier une famille d’une autre. Ni bijoux, ni vestes ou jupes colorées. A la sortie de la ferme, un magasin général nous tend les bras. A peine la porte poussée, les femmes et les jeunes filles baissent les yeux. Pas un bonnet d’organdi ou un tablier blanc ne manque à l’appel. Des jupes strictes tenues par une épingle à nourrice, seul luxe toléré, complète des chemisiers sans aucune fioriture. Même les enfants, dès leur plus jeune âge, portent le gilet noir et le chapeau. Dehors, alignés, les buggys attendent. Ces carrioles, à la demande des autorités, se sont modernisées. Désormais, elles sont équipées de feux électriques, indispensables pour être vues le soir.

Voyage en pays Amish
Tolérance et rigueur

Pour comprendre les Amish et le choix « d’adulte » qui consiste volontairement à accepter et à demander le baptême, Yvonne me conduit chez Rick Presto, un historien qui vit à Lancaster et qui a été conseiller sur le tournage du film Witness avec Harrison Ford. « Les Amish, contrairement aux idées reçues ne subissent pas leur situation. Ils l’acceptent » m’explique l’homme de l’art. « Pour preuve ce qu’ils appellent le « Rumspirgra », ce qui veut dire : aller de droite à gauche. Trois années de liberté et de folie. Tout est autorisé mais après, à leur retour, s’ils sont partis ils doivent se déterminer et rentrer dans le rang de la communauté. Ce sont eux qui décident volontairement du baptême et d’accepter les règles strictes de la communauté. Moins de 2 % des jeunes ne reviennent pas. Tout est dit ».

Même vision de l’école. Pour les Amish, savoir n’est pas utile. Seule la connaissance des livres saints compte. Aussi, les institutrices, issues de la communauté se bornent-elles à apprendre à lire, à écrire et à compter. A l’âge de 15 ans, l’école est finie. La vie active commence à la ferme. « La connaissance est dangereuse pour les Amish qui pensent que tout est déjà dit dans la bible » commente Rick « Réfléchir, mais à quoi ? Leur monde est éloigné du nôtre. C’est leur force et leur faiblesse ».

Ni un zoo, ni même une réserve. Inutile de penser que vous arriverez dans une zone protégée, une sorte de cloche géante ou sont conservés les derniers spécimens d’un passé oublié. Pour les Amish, le modernisme n’existe pas. Dieu l’a intégré à la Bible. Tout a été dit sur le sujet. Preuve de cet optimisme, et du sens de l’entraide permanent, aux premiers jours de l’été, toute la communauté se réunit pour aider les jeunes à construire un hangar ou une ferme. Une centaine d’hommes, réunis autour d’un pique-nique géant préparé par les femmes, viennent hisser un à un les éléments en bois de l’ouvrage. Des scènes épiques de solidarité qui résument à elles seules ce pays Amish.


Pour en savoir plus sur la culture amish

Amish Experience Theater & Amish Country Homestead : ce théâtre multimédia joue régulièrement le spectacle “Jacob’s Choice”. Cette présentation s’appuie sur cinq écrans géants, un système 3D et des effets spéciaux qui vous font suivre le parcours d’un jeune Amish sur le point de décider s’il veut vivre dans sa communauté ou « dans le monde extérieur ». Des guides expliquent comment vit cette communauté. En anglais uniquement.
www.amishexperience.com

Aaron and Jessica Buggy Ride
Excursions en buggy dans le pays Amish. Unique pour assimiler les rites sociaux de la communauté. A partir de 12 €.
www.amishbuggyrides.com

Adamstown
Pas mal d’objets traditionnels proposés par près de 5000 vendeurs. De très jolis paniers et surtout une impressionnante collection de jouets en bois.

Lancaster Quilt & Textile Museum
L’une des plus belles collections de patchwork amish. Une salle entière est consacrée aux techniques utilisées par les femmes amish.
37 Market Street - Lancaster, PA 17603 - (717) 299-6440
www.quiltandtextilemuseum.com

Lancaster Museum of Art
La villa Grubb Mansion, qui abrite le musée d’art de Lancaster, fut construite pour Clement Bates Grubb, grand patron de l’industrie du fer. C’est un excellent exemple encore intact de l’architecture typique du comté, d’inspiration grecque. Le musée d’Art est depuis 1965 l’une des étapes culturelles majeures dans la région.
(Du lundi au samedi de 10 h à 16 h- le dimanche de midi à 16 h)
135 North Lime Street –Lancaster - 717-394-3497-
www.Lmapa.org