9 janvier 2013
L’Allemagne entre deux eaux…
Capitaine Martin
La
crise qui jette sur le pavé des millions de familles européennes ne
semble à première vue pas toucher l’Allemagne, qui a connu en 2012 son
taux de chômage le plus bas depuis 1991. Mais le marché de l’automobile a
marqué le pas et les Allemands épargnent jusqu’au chauffage en hiver.
Que l’Allemagne tire profit de la crise économique qui touche l’Union
européenne pour se renforcer et que ses citoyens jouissent encore de
« privilèges » sociaux tirés d’autorité aux autres citoyens européens
est désormais un lieu commun. Mais certains indicateurs publiés ces
jours-ci par les organismes gouvernementaux et les instituts de
recherche de Berlin nous livrent un tableau de la « grande Allemagne »
moins idyllique.
Par exemple, le marché automobile connaît un indéniable ralentissement, même s’il ne s’effondre pas comme c’est le cas dans les PIIGS. Ainsi, l’association allemande des constructeurs automobiles VDA
a rendu public les chiffres pour l’année 2012 des immatriculations de
véhicules neufs, qui sont passées de 3,17 millions à 3,08, soit une
baisse de 2,9 % par rapport à 2011. Et cette association s’attend pour
2013 à une nouvelle contraction du marché…
Et un autre fait laisse entrevoir le début d’une crise insidieuse
pour les familles allemandes. Pendant qu’à Athènes, l’air est devenu
irrespirable par la fumée du bois brûlé pour chauffer les habitations
(gaz, charbon et fioul sont trop chers), on commence à Berlin comme dans
les autres villes d’Allemagne à utiliser le chauffage avec parcimonie,
en le faisant fonctionner moins longtemps ou en abaissant la
températures des logements malgré les conditions climatiques du dehors.
Selon un sondage réalisé récemment, la moitié des Allemands a pris
l’habitude de se couvrir chaudement à leur domicile, pendant que quatre
personnes interrogées sur dix avouent ne pas chauffer l’intégralité des
pièces. La faute à la forte augmentation du prix de l’électricité et des
carburants fossiles utilisés pour alimenter les systèmes de chauffage.
Mais tous les indicateurs ne parlent pas la même langue. En 2012, par
exemple, l’Allemagne a enregistré son taux de chômage le plus bas
depuis 1991, avec « seulement » 2.897.000 privés d’emploi, soit 79.000
de moins par rapport à 2011. Une baisse de 0,3 % qui permet à
l’Allemagne de connaître un taux de chômage de 6,8 % selon les chiffres
fournis par l’agence fédérale pour le travail de Nuremberg
(souvenons-nous cependant de ces réformes libéralisant le marché du travail allemand,
permettant aux employeurs de payer des salaires de 400 euros mensuels
aux salariés ou à un euro par jour aux chômeurs de longue durée…).
Si en 2013, le nombre de sans-emplois ne devrait pas dépasser les
trois millions selon cette même agence, les Allemands s’attendent tout
de même à des lendemains qui déchantent. Wolfgang Schaeuble, dans son
plan pour réduire les dépenses publiques, a en effet rendu compte de son
intention de faire quelque cinq à six milliards d’économies, et ce afin
de ramener à zéro le déficit de l’État fédéral allemand en 2014. « Les
coupes sombres toucheront tous les ministères », rapporte le Rheinische
Post.
Capitaine MartinRésistance http://www.resistance-politique.fr/article-l-allemagne-entre...