terça-feira, 1 de maio de 2012

Le Monde. Uma CPI que deu certo...na Inglaterra.

Rupert Murdoch n'est pas considéré "apte" à diriger un grand groupe

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le
"On dirait que chaque concurrent et chaque ennemi en rajoute dans les mensonges et la diffamation. Dommage. Facile à contrer. On se prépare", déclarait Rupert Murdoch sur son compte Twitter.
Le magnat des médias Rupert Murdoch a "délibérément fermé les yeux" sur l'affaire des écoutes téléphoniques au sein d'un de ses tabloïds et il n'est pas "apte" à diriger un grand groupe international, a estimé la commission d'enquête du Parlement britannique sur les écoutes téléphoniques illégales, dans un rapport publié le 1er mai.

C'est la conclusion de la série d'auditions réalisées depuis neuf mois et demi par la commission "culture, médias et sport" constituée de 11 députés - cinq conservateurs, un "lib-dem", cinq travaillistes. Les membres de cette commission s'étaient par ailleurs plaints de l'obstruction et de leur mise sous surveillance par News Corp, l'empire médiatique de Rupert Murdoch, au cours de leur cinq années d'enquête sur les écoutes illégales pratiquées par des journaux en quête de scoops.

Ce rapport épingle aussi James Murdoch, le fils du magnat des médias, accusé d'avoir fait preuve d'une "ignorance délibérée" sur ce qui se passait au sein de l'ex-tabloïd, ce qui "soulève des questions sur sa compétence".

Cette mise en cause de Rupert et James Murdoch intervient au moment où l'Ofcom, le gendarme des médias, mène une enquête qui pourrait le conduire à retirer sa licence de diffusion au bouquet de chaînes par satellite BSkyB, dont le groupe Murdoch est le principal actionnaire. Le Parlement devrait pour sa part débattre des conclusions du rapport, auquel le gouvernement a soixante jours pour répondre.

"CHEF MAFIEUX"

Le 19 juillet 2011, Rupert Murdoch et son fils James ont comparu ensemble. Le patron de presse s'était montré "humble" mais déterminé à se dédouaner dans le scandale touchant son journal News of the World, accusé d'avoir fait écouter quelque 800 personnes au début des années 2000 pour obtenir des scoops. James Murdoch a assuré qu'il ignorait l'étendue des écoutes téléphoniques pratiquées par le tabloïd.

Mais le 6 septembre Tom Crone, ex-directeur des affaires juridiques de News International, la division britannique de l'empire médiatique présidée par James Murdoch, et Colin Myler, ancien rédacteur en chef de News of the World, ont affirmé devant la commission que James Murdoch avait eu connaissance en 2008 d'un courriel prouvant que les écoutes au sein du journal n'étaient pas le fait d'un seul reporter. Le 10 novembre, James Murdoch, convoqué une nouvelle fois devant les députés, a réaffirmé qu'il n'avait pas eu connaissance de ce mail. Un député travailliste l'avait alors traité de "chef mafieux".

INFLUENCE NÉFASTE SUR LA VIE POLITIQUE

Soupçonné par ses détracteurs d'exercer une influence néfaste sur la vie politique britannique, Rupert Murdoch a été accusé d'avoir laissé se répandre une culture de l'illégalité au sein de News of the World. L'homme d'affaires a brusquement fermé l'hebdomadaire lorsque le grand public a appris l'ampleur du scandale en juillet dernier.

James Murdoch a démissionné en mars de la présidence de BSkyB. L'équivalent britannique du Conseil supérieur de l'audiovisuel va tenir compte du rapport parlementaire pour le maintien ou non de la licence de BSkyB.

Une vive passe d'armes a par ailleurs opposé lundi David Cameron au chef de l'opposition travailliste, Ed Miliband, lors d'un débat houleux à la Chambre des communes, trois jours avant des élections municipales, notamment à Londres. Des courriels récemment rendus publics semblent montrer une forte proximité entre des responsables de News Corp et le ministre de la culture, Jeremy Hunt, chargé de valider ou non au niveau gouvernemental le projet d'acquisition de BSkyB.

Ed Miliband a accusé David Cameron de maintenir coûte que coûte son ministre pour ne pas se retrouver lui-même exposé en première ligne. David Cameron, qui résiste aux pressions en faveur de l'ouverture d'une enquête, a vigoureusement démenti. Le premier ministre conservateur pourrait rapidement être davantage fragilisé. Ancienne patronne de News International, le pôle presse de News Corp en Grande-Bretagne, et confidente de Rupert Murdoch, Rebekah Brooks s'apprête à révéler ses échanges de SMS et de courriels avec David Cameron, du temps où ils étaient amis.